De Laïnser à Sahridj….. La balade des sources (1ère partie)

Le village Ighil Bougueni compte de nombreux lieux publiques et pittoresques: ses 2 « Tadjmäath », son mausolé de « Yemma El Missora », ses 2 mosquées (“Sidi M’hend Oumensour” et “Sidi Ali Oubouzid”) et son cimetière « Vava Lhadj ». Chacun de ces lieux a son histoire et ses secrets. Nous avons eu l’occasion de mettre en avant sur ce site certains de ces lieux.

En vous écartant un peu du village, vous pouvez découvrir d’autres lieux emblématiques. Outre les nombreux champs l’entourant et dont la toponymie avait été initié il y’a de ça quelques années par Nacer Ukemoum (voir toponymes du village Ighil Bougeni), le village dispose de 2 sources (thala) principales d’eau douce :  « Laïnser » et « Sahridj ». Les eaux de ces sources sont probablement issues d’une même et unique nappe phréatique sous le village mais émergeant à des altitudes légèrement différentes, pour Laïnser sur son versant nord et pour Sahridj sur son versant sud (voir la capture Google-map ci dessous).

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Tracé de la première partie (en jaune) et 2éme partie (en vert) de notre balade sur une capture googlemap du village

Nous avons fait récemment une grande balade pour relier ces 2 sources. La 1ère partie de cette balade s’est faite en passant par la source Laïnṣeṛ alors que la 2ème partie s’est faite en passant par la source Sahridj. Suivez nous à la découverte de ces 2 sources.

Nous débutons notre balade en haut du village, au lieu dit « Anar-N-Chikh », situé juste devant l’ancienne boutique de Da Ramdane, boutique malheureusement en ruines. Ce lieu accueillait jadis un robinet public d’eau douce.

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Le lieu dit « Anar-N-Chikh ». On devine au fond juste à gauche du poteau électrique et derrière le figuier les ruines de l’ancienne boutique.

Juste après ce fût à gauche de la chaussée (ci dessus), un sentier étroit et descendant s’enfonce dans la végétation luxuriante. En quelques pas, vous quittez les bruits du village. Il faut dire que ce versant nord est peu urbanisé car plus escarpé que le versant sud. Une quinzaine de mètres plus bas, le sentier vire sur la droite et sa pente devient assez douce, longeant le village d’ouest en est, passant en contrebas de l’école du village que vous verrez si vous regarde sur votre droite et en haut. Bien visible en certaines parties, moins en d’autres, il est parfois bordé de quelques barrières plus ou moins entretenues. Attention, signe de son peu d’utilisation, il est parfois défoncé en certains endroits. Gare à la glissade et la chute.

Autre chose à savoir: tous les champs entourant le village ont un propriétaire et des bornes (Thilissa). Ne sortez pas du sentier public, ne rentrez pas dans les champs, notamment ceux entourés par une clôture. A moins d’y avoir été autorisé par le propriétaire, n’allez pas cueillir des fruits ou monter sur des arbres.

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Premier virage à droite. Le sentier surplombe ici les champs des « Imoula ».

Sur votre gauche, ce sont les champs des « Imoula » et en face les villages d’Ath Sidi Ahmed et Icheriden. Ce versant du village est réputé pour ces arbres fruitiers (notamment cerisiers et figuiers…. que de souvenirs) mais aussi pour sa richesse en champignons et morilles.

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En persévérant, vous arriverez bientôt à un autre virage cette fois sur la gauche, descendant en pente douce. Le chemin est plus agréable et plus large, longé par de nombreux chênes et frênes, dont certains, probablement plus que cinquantenaires, se sont carrément affalé sur le sentier. Aucun risque si vous passez au dessous. Sur votre droite, le champ de « Tiäachach ».

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Deuxième virage à gauche

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 P1000336Au bout d’une bonne cinquantaine de mètres plus bas, vous allez croiser un autre sentier, moins accidenté celui-là, partant de la plate forme en bas du village (Lmaïnsra ath Ouadda) et descendant d’ouest en est (en pointillé sur la capture Googlemap plus haut). Les 2 sentier se confondent par la suite.

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Ici se croisent le sentier emprunté avec celui venant de la plateforme du village

Suivez le sentier sur votre droite. Plus large et mieux aménagé à ce niveau, très ombragé, la marche y est très agréable. Il y a comme une fraîcheur dans l’air. C’est sans doute Laïnser qui n’est pas très loin.

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Avant dernier virage sur la gauche ……………et vous surplombez bientôt la source Laïnser dont on devine le réservoir sur votre droite.

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Avant dernier virage à gauche

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Vous longerez le sentier jusqu’en bas de façon très aisée.  Dernier virage à droite et vous voila sur la dernière ligne droite à 15 mètres de Laïnser.

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Vous voilà donc arrivé à Laïnser. Jadis coulant sur plusieurs filets, la source a été aménagée il y a quelques années par les habitants du village qui ont mis en place un réservoir d’au moins 15 mètres cube (recueillant l’eau directement à partir de la roche), des robinets coulant du réservoir, une conduite permettant au trop-plein du réservoir de s’écouler proprement et un abri permettant aux habitants de s’asseoir, remplir leurs ustensiles à l’aise, un espace propre tout autour pour laisser reposer les bêtes…. profitez de l’eau qui est très rafraîchissante.

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Il n’est pas impossible que vous voyez débouler quelqu’un trainant un âne chargé de bidons. La descente a été une sinécure, la montée  un petit calvaire.

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Si les villageois vont à la source de Sahridj pour son eau réputée miraculeuse, bonne pour se soigner et chasser le mauvais œil, l’eau de Laïnser est essentiellement destinée à leur consommation quotidienne. C’est la source d’eau à boire par excellence du village. Comme partout ailleurs en Kabylie, cette source est aussi un haut lieu de rencontre et d’échanges entre les femmes du village. Elles s’y rendaient (beaucoup moins maintenant) pour s’approvisionner en eau, parfois y faire la lessive (en contrebas) mais pas seulement, puisque c’est à la source qu’elles se voient, elles s’informent, elles chantent et il arrive même que des candidates potentielles au mariage se voient choisies et promises dans ce lieu.

Une fois bien rafraîchis et rempli un petit bidon de cette eau fraîche, il faudra penser à remonter. Si pour descendre, le chemin est allé au plus simple, la montée a été volontairement allongée pour qu’elle se fasse en pente relativement douce.

Remontez sur une trentaine de mètres le chemin qui a permis de rejoindre Laïnser, dépassez même le dernier virage mentionné plus haut.

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Le chemin devient rapidement descendant, s’élargit devenant une véritable route qui fait partie d’une percée qui avait été faite au courant des années 1990 en plus des différentes routes « agricoles »  et déchirant véritablement pratiquement tous les champs entourant le village (voir la capture googlemap en début de cette publication). Descendez sur une bonne centaine de mètres. Attention à l’entorse, la route est irrégulière, non aménagée, pleine de crevasses, de branches sèches et de pierres. Profitez aussi du panorama. Au fond, on devine Larbaa Nath Irathen.

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Au bout de la descente, vous devinez au loin un petit ouvrage mis en place par les villageois: un robinet d’eau douce provenant directement de Laïnser. Si votre soif s’est réveillée, profitez en pour vous rafraîchir une 2éme fois.

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Un carrefour se présente alors devant vous. Si vous prenez à droite, vous vous éloignez du village et vous croiserez bientôt le terrain de football du village dont l’assise a été offerte gracieusement au village par « Da Amrane ». Prenez donc à gauche. S’offre à vous alors une longue route sinueuse de plusieurs centaines de mètres qui vous conduira au final à hauteur du cimetière du village. Profitez des paysages dégagés. La route est très large et même carrossable.

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Vous devinez au loin les quelques habitations bordant la plateforme du village.

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Bientôt se présente en haut et à gauche la déchèterie du village. Elle est invisible à partir de la plateforme du village car cachée à la vue par un mur d’enceinte, mais elle est bien visible de ce versant. Nous vous en montrons ici 2 vues. Elle existe depuis très longtemps. Des tentatives de fermeture ont eu lieu il y a quelques années pour la remplacer par un camion-déchets mis à disposition par la mairie. Malheureusement, ce service a été interrompu et la déchèterie ré-ouverte. Le comité du village a décidé de la fermer récemment avec en contrepartie un camion-déchets de la mairie passant 2 fois par semaine (voir notre publication récente « Nouvelles du village« ).  Croisons les doigts pour que cela soit définitif car ses conséquences sanitaires et environnementales ne font que commencer à se faire sentir….. (voir aussi la publication datant de 2012 « La décharge publique d’Ighil Bougueni – Aqavuc » faite par Lmouloudh Ait Ouferoukh)

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Passons…… La route serpente d’ouest en est le long du versant nord du village. Bien que la pente soit assez raide par endroit, si vous oubliez la déchèterie plus haut, la promenade est très agréable. vous pouvez vous arrêter dans les lieux ombragés pour reprendre votre souffle.

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Bientôt vous voyez au loin les habitations proches de « Yemma EL Missora ».

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Et au bout de cette longue ligne droite…

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Vous voila en contrebas la salle de réunion  surplombée par la « maison de jeunes » du village.

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Cette dernière, construite grâce à un financement de la mairie, et bien que renfermant du matériel offert par divers donateurs (livres, ordinateurs, ….), n’est à ce jour pas ouverte de manière permanente faute de personnel permanent. La salle de réunion du village a été construite par les villageois et en partie avec la contribution de dons de la communauté émigrée. Elle accueille les assemblées générales du village et autres réunions des villageois.

Passez la salle de réunion et vous débouchez sur une plateforme attenant au cimetière « Vava L’hadj ».

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Arrivée à la plateforme avec au fond le cimetière « Vava L’hadj »

Et c’est ici que s’achève la première partie de notre balade…..

2 réflexions sur « De Laïnser à Sahridj….. La balade des sources (1ère partie) »

  1. Merci Rabah Ben Yaou pour cette ballade.
    Malgré mon âge avancé, j’ai découvert, grâce à tes articles, qu’un chemin existe du haut du village, “du lieu dit Anar-N-Chikh lequel jadis accueillait un robinet public d’eau douce”, pour nous mener à la fontaine de Laïnser.
    C’est effectivement le moment de penser à préserver et prendre soin de ces lieux magiques que nous ont transmis nos aïeux.
    Encore merci Rabah pour cette belle et intéressante promenade qui m’a replongée dans mon enfance.
    Nacer MEZIANE.

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