De Laïnser à Sahridj….. La balade des sources (suite & fin)

Lors de la première partie de notre balade, nous avions emprunté le versant nord du village en descendant du lieu dit « Anar-N-Chikh » vers la source Laïnser puis en remontant d’est en ouest vers le cimetière Vava L’hadj (en jaune sur la capture googlemap ci dessous).

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La 2éme partie de notre périple se fera sur le versant sud, nous conduisant d’ouest en est, de ce cimetière vers la source Sahridj puis retour vers le village (en vert sur la capture googlemap ci dessus).

Nous voilà donc sur la plate forme attenant à ce cimetière. En vous mettant face à ce dernier, 3 chemins s’offrent à vous: derrière vous vers Yemma Lmissora, à gauche celui menant directement au village via le monument aux morts situé une centaine de mètres plus haut, et à droite pour emprunter la « ceinture » du village, nouvelle route goudronnée, empruntant le versant sud et construite il y a une vingtaine d’années.

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Vue du cimetière Vava L’hadj d’ouest en est. A gauche, vous remontez directement au village en passant devant la maison de jeunes (immédiatement à gauche) et le monument au mort (un peu plus haut sur votre droite). A droite, vous empruntez la ceinture du village longeant son versant sud. Derrière vous, Yemma El Missora.

Comme vous le voyez, ce lieu est souvent et malheureusement utilisé pour entreposer divers matériaux  servant à la construction des battisses du voisinage. Cela ne favorise évidemment pas la tranquillité du lieu censé être dédié au recueillement et au souvenir. En effet, cette place est entourée de 3 cimetières: Vava L’hadj devant, un petit cimetière à gauche (dont vous voyez le mur d’enceinte à gauche sur la photo ci dessus) et un autre dernier cimetière sur votre droite où reposent plusieurs des martyrs de la guerre de libération 1954-1962.

Bref … En prenant par la ceinture du village, et juste après la première battisse située à environ 200 mètres du cimetière, vous croisez une autre route descendant à droite. P1000169 P1000170Engagez vous sur cette route, légèrement descendante en général, plus raide en certains endroits. Elle n’est pas goudronnée mais bétonnée. Ce bétonnage persiste sur la plus grande partie de son trajet. Elle représente la première partie d’une autre « ceinture » bifurquant tout en bas  vers l’est pour mener à « Lemzaïv » et vers l’ouest pour mener vers d’autres champs lointains du versant sud et sud-est (voir cette autre capture googlemap ci dessous montrant toutes les pistes « agricoles » ceinturant le village).

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Là aussi, profitez des paysages même si vous êtes un peu plus exposés au soleil. Au premier plan « Ath Arvah » et « Thassaft Ouguemoune » (Berceau d’Amirouche), au second plan le Djurdujra et à droite les « Ath Yenni ». Autant dire que vous êtes au centre du centre de la Kabylie. La route est sinueuse agrémentée de quelques virages épousant les contreforts du village dont vous pouvez entendre les bruits lointains.P1000176

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Au bout d’environ 500 mètres de descente, vous apercevez un ouvrage sur la gauche de la chaussée.

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Du côté opposé de la chaussée, se trouve un petit chemin s’enfonçant à droite. Il est plus ou moins caché par la végétation selon les saisons…. P1000190 P1000191Au fond du chemin se trouve la source de Sahridj.

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Comme on l’avait signalé dans la première partie, la source de Sahridj est réputée pour son eau « miraculeuse », un véritable médicament, bonne pour tout soigner mai aussi chasser le mauvais œil. C’est un peu l’équivalent de l’eau de « Lourdes » du village. Il n’est pas rare que vous y trouviez des ustensiles laissés par tel ou tel visiteur souhaitant chasser le mauvais œil. Cependant, évitez,  de les toucher….On ne sait jamais .

Jadis, cette source non aménagée était marécageuse et entourée d’une végétation luxuriante. Elle coulait sur plusieurs sources proches les unes des autres. La plus célèbre d’entre elles étant la fameuse « thala n’taklith ». Il faut savoir que le débit de Sahridj est plus important que celui de Laïnser. Comme cette dernière, elle a été, bien heureusement aménagée avec là aussi un réservoir-déversoir de plusieurs mètres cubes, des robinets, des conduites pour évacuer le trop plein et un espace ou les visiteurs peuvent se poser et admirer les alentours.

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Profitez de votre passage pour remplir une bouteille d’eau. Même si tout le monde ne croit pas aux vertus qu’on lui prêtes, elle est tout de même aussi rafraîchissante que celle de Laïnser.

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Une fois reposés et rafraîchis, il est temps de reprendre la route vers le village. Remontez le petit chemin qui vous a emmené de la route à la source. Juste à gauche de l’ouvrage signalé plus haut se trouve 2 petits murets surplombant le fossé. A gauche de ces murets ont été construits des sortes d’escaliers. Ils correspondent, au fait, au début de l’ancien chemin menant de Sahridj au village. Montez ces escaliers.

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Passez cette évacuation d’eau de précipitations (son état n’est pas très reluisant) et allez vers la droite.

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Devant vous se présente l’ancien chemin. A force de ne plus être emprunté, il apparaît comme inexistant à ce niveau. Prenez le tout en restant très prudent. L’endroit est très escarpé. Gare à la chute. Pour les pieds non entraînés, accrochez vous à tout ce que vous pouvez. Si vous avez une pioche ou un pic, n’hésitez pas à le planter dans le sol pour vous aider à remonter la pente en toute sécurité.

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Passez cette première crête.

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Le « vrai » chemin commence à apparaitre.

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Bien que réduit à sa plus simple expression, on arrive quand même à le deviner.P1000217

Bientôt, il prend sa véritable forme de chemin avec des bords nets et des arbres de part et d’autre. L’endroit est très ombragé.P1000218

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Ce chemin est en fait situé sur une pente séparant 2 champs: « Agdal » en haut et « Sahridj » en bas, jadis connus pour leur richesse en oliviers. Aucun risque à ce niveau, l’assise est très large.

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sur votre droite une réserve à fourrage (Aachiw).P1000232 P1000235 P1000236

Au bout de 250 mètres environ, petit carrefour…… Prenez sur la gauche.

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A partir de là, vous êtes très rapidement happés par la civilisation… qui se présente à vous sous la forme d’une battisse hideuse en brique et béton armé. Un gâchis dans cet endroit.

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Vous entamez là un chemin appelé « Akhridh Bougdal », bordé de frênes ou d’oliviers, montant verticalement vers le village. Le dénivelé est assez important. Jadis, l’endroit était aussi très fréquenté pour ses champignons et autres morilles.

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Une 2éme battisse sur votre gauche…..

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Vous débouchez bientôt sur la ceinture du village que nous avions quitté plus à l’ouest.P1000255Vous pouvez continuer tout droit mais au lieu de cela, faisons un crochet à droite par « Timizart ».

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En face de vous, on devine le village de « Tasga Melloul » à droite, surplombé par le village « Aourir » à gauche.P1000258 Au bout de 150 mètres, un petit chemin montant apparaît à gauche au dessus du fossé. Prenez le.P1000259

Après une courte ascension, il vous ramène vers le village.

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Vous êtes déjà dans les faubourgs du village.P1000268

Si vous avez de la chance, une vache ne vous barrera pas le passage.P1000278 P1000280

Et bientôt vous abordez le village par une ruelle appelée « Azriv Ath Aali » qui vous permettra d’arriver vingt mètres plus haut à Tadjmaat.P1000287

C’est ici que prend fin notre grande balade des sources. Espérons qu’elle vous rendra aussi heureux qu’elle le fut pour nous.

Elle nous a permis de découvrir les 2 grandes sources que sont Laïnser et Sahridj. Bien que les Villageois y sont toujours attachés, elles sont de moins en moins fréquentées. Comme vous l’avez constaté, elles sont situées loin du village et parfois difficilement accessibles. La nature a repris ses droits sur les chemins qui y mènent (notamment pour Laïnser). Cependant, les Villageois préféreront toujours boire de l’eau de ces sources que celui du robinet ou du commerce. Quelques dizaines d’années auparavant, l’idée de conduire une partie de l’eau de ces sources vers le village a été émise. Cette idée a fait son chemin. Elles ont été aménagées il y a de cela plusieurs années. C’est peut être à la génération actuelle de concrétiser cette idée.

Cette balade nous a aussi permis de constater que nous avons un beau village mais que nous ne faisons pas tout pour le préserver et le rendre encore plus beau: les sources elles même sont incomplètement entretenues, les pistes agricoles déchirent littéralement les alentours du village et ont été percées à la va-vite selon une logique approximative, les chemins sont défoncés et non entretenus, certaines battisses jaillissent du sol mais ne sont jamais finies pour respecter une certaine cohérence avec ce qui les entourent donnant un visage hideux au village, des matériaux de construction et autres reliquats de chantiers sont stockés ou entreposés au bord des chemins ou à même la rue voire s’adossant à des cimetières, les champs sont parfois jonchés de sacs en plastique ou de bouteilles en verre et une déchèterie à ciel ouvert où se sont accumulés des déchets toxiques depuis des dizaines d’années. Et que dire du réseau d’assainissement et de ses fuites fréquentes…..

Si vous vous rendez au village, n’hésitez pas à vous balader sur ses chemins et pistes. Prenez une bouteille d’eau et un bâton et allez faire un tour. Vous y découvrirez sans doute des lieux insolites aussi beau que ces sources. Laissez ces lieux aussi propres que vous les aurez trouvé. C’est votre village, c’est notre village.

Bonne balade à toutes et à tous.

Timlilith-Ighil Bougueni

2 réflexions sur « De Laïnser à Sahridj….. La balade des sources (suite & fin) »

  1. Bonjour Rabah et Bonjour à tous,

    J’ai lu avec un très grand intérêt et un plus grand plaisir ta publication «De Laïnser à Sahridj…La balade des sources», sur le site de Thimlilit-IB. Quelle belle balade! Je ne m’attendais pas à moins, venant de toi. J’avais déjà un avant-gout de ce que tu préparais depuis ton retour du village, le résultat est fabuleux, ta visite a été très fructueuse, des visites comme celle-ci nous apportent beaucoup.

    Timlilith-IB a toujours appelé les membres de notre communauté à partager l’expérience de leur visite au village, en nous faisant parvenir leurs photos souvenirs sur nos différents supports de communications, il y a eu beaucoup d’engouement a cette idée et le résultat est très encourageant. Par ce que tu viens de publier, tu viens de dépasser toutes nos attentes. Ceci nous ouvre l’appétit grand et ravive toutes nos ambitions et nos espoirs.

    Pour ma part, je trouve qu’il y a au moins deux niveaux de lectures à cette balade.

    Cette balade s’inscrit bien sûr dans le cadre du projet initié par Timlilith-IB et intitulé «Amélioration de l’accès à l’eau potable de la population du village Ighil Bougueni», il est clair que cette visite et cet état des lieux sont accablants et donnent au projet des trois fontaines de notre village toute sa raison d’être. Nous avions tellement besoin de données de terrains en ce qui concerne ces fontaines (Taliwin), ce projet est venu pour les sortir a jamais de l’oubli et sonner l’heure de la mobilisation générale de toute notre communauté, ou qu’elle soit, afin de rendre à ces lieux sacrés leurs lustres d’antan.

    Cette balade est aussi, évocatrice d’une vielle idée qui germe depuis Mars 2011 au sein de notre association, celle de voir un jour les villageois se mobiliser pour réhabiliter les sentiers que nos femmes et nos hommes empruntaient jadis afin de rejoindre ces sources et leurs différents jardins. Quel beau projet de développement durable que celui de voir Taliwin de notre village réhabilitées ainsi que les entiers pour s’y rendre. Un circuit de randonnées réhabilité, sécurisé et guidé donnera à notre village une raison d’être plus attractif, plus accueillant et fera de nos visites familiales au village de véritables vacances. «Amarrah Ntaliwin», la randonnée des fontaines. Un rêve de plus que nous souhaitons un jour voir se réaliser.

    Merci encore Rabah pour avoir ravivé en nous cette flamme ainsi que la foi que tout est possible si on y croit et qu’on y travaille.

    Tanmirt

    Lmouloudh

  2. Merci Rabah pour cette ballade.
    Malgré mon âge avancé, j’ai découvert, grâce à tes articles, qu’un chemin existe du haut du village, « du lieu dit Anar-N-Chikh lequel jadis accueillait un robinet public d’eau douce », pour nous mener à la fontaine de Laïnser.
    C’est effectivement le moment de penser à préserver et prendre soin de ces lieux magiques qui nous ont été légués par nos aïeux.
    Encore merci Rabah pour cette belle et intéressante promenade qui m’a replongée dans mon enfance.
    Nacer MEZIANE.

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